Ma liste de souhait
Un miroir, trois tableaux photographiques, une bibliothèque rouge et des dizaines de livres. Une pièce ouverte, intégrée à l'exposition (MANGER).
2016 Makwanda Installation, Esthétique relationnelle, Photographie, Écriture
Avec Nancy Croussette.
LE DIVAN
Corps féminin dont la tête est un cadre et qui surgit du divan telle une sculpture. Ce corps est celui de Gradiva, qui refuse le divan freudien car son inconscient est déjà éclairé par sa propre lumière et les livres lui répondent. Sa main droite dit “Je suis” et sa main gauche décline l'invitation à s'allonger, son être entier s'élance vers le haut comme une plante boit la lumière. La honte et la culpabilité n'existent pas chez elle, la volonté est suprême. Inversement, le freudisme produit souvent un narcissisme négatif, à l'horizontal, couché et plaignant, alors qu'un narcissisme vertical, debout et fier, deviendra positif suivant son éthique. Gradiva porte deux outils nourriciers à la poche de sa chemise; c'est à travers eux qu'elle enseigne les médiations nécessaires entre un besoin spirituel et son assouvissement.
CONSCIENCE
La condition humaine n'est qu'un jeu de miroirs plus ou moins raffiné selon chaque individu. Le miroir est la médiation première, créatrice des secondes. C'est à travers un miroir qu'on rencontre l'Autre, que l'on comprend l'abstraction et que l'on crée son identité. L'inconscient est constitué des angles non éclairés par la conscience. On voit des ustensiles, des masques, une chaise et des talons rouges, un rideau-tapis de velours, un chandelier, tous sont autant de tiroirs à ouvrir avec la canne à pêche de la volonté. Combien de miroirs y a-t-il ici ? Trois. Ils forment ensemble la dialectique fondamentale génératrice de réalités. Un premier contient le réel, le second la réalité et le troisième le verbe – feu originel. Le personnage qui tient la canne à pêche est Gradiva; c'est elle qui donne vie et corps aux fantasmes, en révélant l'inconscient par l'accueil des désirs profonds.
TRANSFIGURATION
La salle de bains est un lieu magique par essence. On y fait sa toilette, le corps se vide, se filtre, se lave, s'actualise, se transforme. Dans cette petite pièce nous vivons de petites morts et renaissances. Généralement nous les vivons en solitaire et dans la majorité des cas devant ou tout près d'un miroir. Ce dernier sert un narcissisme, positif ou négatif, en donnant un visage à notre volonté. Le miroir et la toilette servent la construction de soi, et chaque fois qu'on les utilise il en résulte une transfiguration, un changement dans la forme perçue ou ressentie que prend notre être. Ici, Gradiva prend conscience d'elle-même; lors d'un moment passé dans sa baignoire, elle réalise son humanité malgré des pouvoirs divins. Nous percevons la scène de l'extérieur, par un jeu de miroirs. Ses vêtements usuels sont déposés sur la chaise de barbier et les mains du tableau « Obsessions » glissent sur le mur adjacent.
Événement « Entre parenthèses » - Exposition (Manger) / juillet 2016
(conscience) Exposition Collective Art Cible / mai 2016
(transfiguration) Exposition Collective Art Cible / avril 2016