Ma liste de souhait
Saturne et Neptune parcourent l'Avenue du Mont-Royal jusqu'au sommet de la montagne. Ils proposent un poème interrogatif aux passants et diffusent leurs réponses.
Projet soutenu par le Conseil des arts du Canada (programme connexion-création).
2020 Hall’Makwanda Performance, Esthétique relationnelle, Écriture Vidéographie, Design, Artisanat
Saturne est une scientifique mystique qui investigue avec les personnes. Neptune est un porte-voix idéaliste, il poétise la réalité.
Leur marche résonne avec l'ère du Verseau. La résonance est poésie ouverte.
ÉQUIPE DE PRODUCTION
Anais Laetitia Benouahab & Dave Gaudreau - Coordination Mathieu Lemire - Prise de vues (photo) Christopher Beaine - Prise de vues (vidéo) Ruxandra Botezatu - Captation live
Un archétype ne peut créer seul. Il y parvient seulement en complémentarité avec les autres, d’où la co-création. Avec Neptune, Saturne est habité. Il est propulsé par un désir de réaliser le rêve. Sans Saturne, le rêve ne peut se construire. Neptune se complait alors dans l’enivrante et douce sensation du fantasme, puis se dissout dans l’inaccessible. Sans Neptune, le potentiel de Saturne ne peut s'épanouir pleinement, il reste cloisonné à l'intérieur. Quand ils s'acceptent mutuellement, l'idéal s'incarne.
SATURNE, alias, le temps - la mort - la tour intérieure
l'élément terre l'investissement - la responsabilité individuelle l’autorité intérieure - la figure d’autorité extérieure le père - l’animus - la discipline la tradition - le conservatisme - la prison l'incarnation - les limites et structures la matière - la sagesse - la fatalité la planète du signe du capricorne
NEPTUNE, alias, l’océan - l’inconscient collectif
l'élément eau la fuite - le voyage - le grand idéal l’image - l’imaginaire - les illusions la philanthropie - le rêve - paradis perdu les perceptions - l’intuition - la vision l’universalité - le transpersonnel la collectivité - la dissolution des limites la planète du signe des poissons
L’humain habite plusieurs archétypes. L’astrologie permet de s’observer à travers eux. Ils sont mis en jeu dans des cycles d’évolution, comme des facettes de nous-même disposées à s’accomplir. Ces cycles ne sont que des patterns lorsque nous ne regardons pas vraiment, ne nommons rien. Nommer ses archétypes, les regarder, les mettre en scène – discrètement ou très ouvertement – c’est transporter de l’inconscient au conscient.
« Transporter le mythe » était une performance et une mise à l’épreuve. Celle de transporter le temple intérieur cultivé aux Îles-de-la-Madeleine, dans le centre-ville de l’Île de Montréal. Une mise en scène de Saturne, en tant qu’archétype intérieur. Une mise en lumière sur ce qui est en dedans, pour permettre un retournement, être. Transmuter l'ombre en lumière.
Durant sa marche sur l’Avenue du Mont-Royal, Saturne est dans sa solitude qui isole et exprime parfois en dehors, à travers les regards extérieurs, la folie, l’austérité, la maladie ou l’erreur. Dans cette solitude, il y a cette relation primordiale, l’unique barre de mesure. La marche est l’appropriation progressive de son autorité intérieure. Et si enfin Saturne sort de cet endroit, c’est pour se transporter - être présent, partager sa beauté à qui sont réceptifs. Une invitation à la poésie, ou un mur rebond des propres limites de ceux qui regardent.
Saturne est une échelle, puis la force et l’appel à la grimper. Simultanément, il la construit. Il est l’artisan de son propre pouvoir, proportionnel à ce qu’il prend en charge de lui-même.
Saturne est patient comme la Terre.
Les barreaux de son échelle sont comme les vertèbres de la colonne vertébrale, ils servent de structure. Des marches–étapes s’érigeant à partir d’une vocation propre et intime. Comme la poésie. Les mots sont des maisons habitées nous invitant à entrer à l’intérieur. Les mots sont les barreaux qui forment ensemble l’échelle du poème. Sa lecture permet au temps de se déplier, à un espace-temps de se déployer. Il est le moment présent comme ouverture à l’accès en nous-même.
Certaines méditations, films, musiques ou autres, ne sont-elles pas cette poésie permissive ? Le poème circule continuellement, prend sens lorsque soudain quelqu’un est attentif, écoute. Saturne – le corps, les mots – et Neptune – les voix, les rêves – transportent cet espace-temps possible. Puis l’être curieux le provoque, en lui offrant le temps de son espace intérieur. Il s’offre son poème.
Qu'est-ce qui m'a poussé à m'habiller d'un costume, accrocher un micro à ma main et un haut-parleur dans mon dos ?
Pour me fondre dans l’inconscience collective. Vivre la liquidité des émotions, la mythologie, l'étonnement aléatoire, la provocation bienveillante.
Neptune, mon personnage, se présente comme le maître des rêves et des illusions. Parfois ignoré parfois aperçu, un trident sur les eaux, il cherche à manifester son idéal romantique dans la réalité mondaine.
Comme cela passe par la matière, c'est ainsi qu'il retrouve Saturne. C'est elle qui portera sa poésie fantasmée sous forme interrogative, qui la proposera aux passants. Ces derniers, par leurs choix volontaires et inconscients, composent la trame des poèmes que Saturne écrits. Neptune enregistre les mots et diffuse des voix.
Quel est le médium de chaque beauté, chaque vérité ?
Le personnage est un mythe classique ; l'archétype est toujours contemporain ; le concept est humide. Il nous traverse tout comme l'eau, la chair, et nos histoires personnelles. Il agit malgré ou avec nous.
Nous c’est Vous, aussi !
La performance est une mise en scène de la transformation du personnage. L'actualisation de son potentiel, une mise en œuvre du privé au public - à travers l’esthétique relationnelle.
Je suis qui je joue à devenir. Dans le royaume des images, je souhaite que l'ustensile devienne une main qui réinvente le poing numérique. Ce n'est pas un manifeste, même si tout art est politique. C'est le processus et la poésie qui comptent vraiment.
Tout le monde est créateur. Le paradis perdu se retrouve. Qui ose ? Écoutez la muse comme elle nous écoute.